Marche des femmes pour la dignité
LE PLUS. Dix ans après les révoltes des quartiers populaires, 32 ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, les discriminations à l’encontre de certaines catégories de la population sont encore palpables. Samedi 31 octobre, Stella Magliani-Belkacem participera à la Marche de la dignité. Elle revient sur le sens de cet événement.
Édité par Louise Auvitu
Capture d’écran de l’affiche de la Marche de la dignité qui se tiendra samedi 31 octobre 2015.
Notre Marche de la dignité est avant tout une marche contre le racisme. Cela n’est pas sans rappeler la Marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983 qui a vu ses espoirs de justice sociale et d’égalité raciale avalés par la machine SOS Racisme sortie du ventre du Parti socialiste.
Quelques trente années plus tard, l’antiracisme à la française se divise encore, d’une part, entre aspirations à l’autonomie et à la clarté politique et, d’autre part, un antiracisme vissé au pouvoir et partisan, au mieux, du statu quo.
Dix ans d’un souffle nouveau
Notre Marche de la dignité vient souligner une rupture qui se dessine depuis, au moins, les révoltes des quartiers de novembre 2005.
Voilà dix ans maintenant qu’un souffle nouveau transporte les luttes de l’immigration et des quartiers populaires qui se déploient désormais en comités de familles contre les violences policières, en associations de solidarité avec la Palestine, en organisations contre la négrophobie, l’islamophobie, la romophobie, etc.
Cette galaxie de l’antiracisme radical fait aujourd’hui front à l’occasion de la Marche de la dignité – il suffit de se reporter aux organisations et associations signataires.
Le fer de lance des luttes contre le racisme
De l’autre côté, l’antiracisme moral et institutionnel est en pleine déconfiture (SOS Racisme a dû faire un piteux mea culpa après son opération bikini à Reims) ou se place désormais explicitement du côté des forces réactionnaires : la LICRA soutenait récemment Nadine Morano et ses propos sur la France blanche et chrétienne, tandis que le MRAP a avalisé la notion douteuse de « racisme antiblanc« .
Nous, femmes descendantes d’esclaves et de colonisés, avons trop souvent servi d’étendard à ce jeu de dupe.
Pourtant, des luttes de libération nationale aux tournants des années 1960 et 1970 jusqu’aux mères de la place Vendôme dans les années 1980, des comités de familles endeuillés par les crimes policiers jusqu’aux collectifs de mamans contre l’islamophobie, nous avons toujours constitué le fer de lance des luttes contre le système raciste. C’est aussi à ce titre qu’Angela Davis a tenu à être aujourd’hui la marraine de notre initiative.
La dignité ne se réclame pas, elle se clame
La dignité pour laquelle nous marcherons le 31 octobre prochain ne se réclame pas, elle se clame. Nous clamons notre force, notre unité et nos exigences : fin de l’impunité policière, abolitions de la BAC, désarmement de la police, abrogation de la loi discriminatoire et sexiste dite « sur le voile à l’école ».
Nous appelons également à des mesures de réparation ou de compensation du racisme en direction des premiers et premières concerné(e)s, dans l’accès à l’emploi, à l’enseignement supérieur ou au logement. Il est aussi pour nous crucial que l’école donne toute sa place à la mémoire des colonisés et descendants d’esclaves, à celle de leurs luttes et de leurs victoires.
Enfin, nous marcherons pour la fin de tout arbitraire judiciaire et carcéral, qui prend pour cible Noirs et Arabes, habitants des quartiers populaires, au nom de l' »exemplarité » ou de la « guerre contre la drogue.
Nous appelons tous ceux et toutes celles qui savent qu’ils font partie de la solution et non pas du problème à marcher avec nous !
Tribune cosignée par Bams, Houria Bouteldja, Ismahane Chouder et Stella Magliani-Belkacem.
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– La Marche de la dignité aura lieu samedi 31 octobre et partira de Barbès à 14h. Vous aussi, vous pouvez y contribuer.
– Depuis la province, de nombreuses associations organisent des départs collectifs, par train, covoiturage ou autobus, pour rejoindre Paris le 31 octobre à moindre coût. Ainsi, Strasbourg, Lille, Lyon, Toulouse, Angers, Marseille et d’autres des nôtres. Pour être mis en contact, faites-vous connaître via marchedeladignite@gmail.com
– De partout, vous pouvez aider financièrement la marche.